Femmes et politique (1) : Questions à Nathalie Appéré, maire de Rennes

Il y a 72 ans, en 1945, les femmes Françaises votaient pour la première fois.

Depuis l’acquisition de ce droit, elles ont du lutter quotidiennement contre les stéréotypes de genre pour avoir une place dans la vie politique à l’égal des hommes.

La représentation des femmes en politique notamment progresse très lentement. En 2014, on comptait 27  % de femmes à l’Assemblée Nationale, et 25 % de femmes au Sénat. Seuls 16 % des maires en France sont des femmes, et elles ne dirigent que six des 41 communes françaises de plus de 100 000 habitants.

Au coeur de cette problématique, nous avons interrogé Madame Nathalie Appéré, députée d’Ille-et-Vilaine et première femme élue maire de Rennes, le 4 avril 2014.

Retranscription :

Les Culotté-e-s : Vous avez été élue première femme maire de Rennes en 2014. Était-ce selon vous quelque chose de révolutionnaire ? Ou au contraire de plutôt banal ?

Nathalie Appéré : Je n’ai jamais vécu le fait d’être une femme comme un obstacle en politique. Je suis devenue adjointe en 2001, au moment où la parité s’appliquait pour la première fois. Edmond Hervé portait une volonté très forte d’aller au-delà de la loi, avec non seulement des listes paritaires mais aussi une parité dans les exécutifs. Tout cela a joué bien sûr dans le parcours qui est le mien. Mais si je suis devenu la première femme maire de Rennes, c’est avant tout, je crois, le fruit d’un travail de conviction et d’engagement auprès des Rennaises et des Rennais.

Les Culotté-e-s : Vivez-vous régulièrement le sexisme en tant que femme politique ?

Nathalie Appéré : Comme toutes les femmes, bien sûr, je suis confrontée au sexisme, au machisme. Nous avons encore beaucoup à faire, en matière de politique publique, notamment dans tout le champ éducatif, pour faire avancer la cause des femmes, pour éduquer au respect, pour lutter contre les discriminations. À ce titre, la vie politique est encore loin d’être exemplaire, en particulier à l’Assemblée nationale. Il suffit de se rappeler les humiliations subies par des femmes ministres ou députées, il y a encore quelques mois, lorsqu’elles prenaient la parole pendant les séances de questions au gouvernement.

Les Culotté-e-s :  L’affaire Baupin il y a quelques mois a mis en lumière des comportements récurrents de harcèlement politique. Suite à cela, 17 femmes politiques ont lancé un appel intitulé « Nous ne nous tairons plus », dans lequel elles annoncent qu’elles dénonceront désormais « systématiquement toutes les remarques sexistes, les gestes déplacés, les comportements inappropriés ». Pensez-vous que ce genre d’action soit devenu indispensable aujourd’hui lorsqu’on est une femme politique ?

Nathalie Appéré : C’est un combat permanent. Partout où il y a du harcèlement, des remarques et des comportements sexistes, la première réponse doit être de le dénoncer. Rien n’est pire, pour les victimes, que le silence. La libération de la parole doit être le fait des hommes comme des femmes.

Les Culotté-e-s : « La politique est un milieu toujours très masculin et que la parité est encore une belle utopie ». Tels furent les mots d’un collectif de collaboratrices parlementaires qui dénonçaient l’aggravation des agissements sexistes en octobre dernier.
Que pensez-vous de cette affirmation ?

Nathalie Appéré : Cela fait maintenant plus de quinze ans que les conseils municipaux sont paritaires. Les conseils régionaux et départementaux le sont également. L’égalité progresse mais pas assez vite. L’Assemblée nationale ne compte que 35% de députées. Je me réjouis d’appartenir à la famille politique qui a toujours su mettre ces combats au rang des priorités mais il y a encore des verrous à faire sauter. Je plaide pour un acte 3 de la parité avec notamment l’augmentation des amendes aux partis qui ne respectent pas les règles.

Les Culotté-e-s : Pensez-vous qu’une femme fasse de la politique de la même manière qu’un homme ?

Nathalie Appéré : Ne tombons pas dans les discours essentialistes. Il n’y a pas de déterminisme biologique dans la conduite des affaires publiques. Il est important aujourd’hui de mettre l’accent sur les connaissances scientifiques que nous apportent aussi bien l’anthropologie que les neurosciences pour déconstruire les représentations. C’est aussi comme cela que nous porterons aussi le combat pour l’égalité.

 

Un grand merci à Madame Nathalie Appéré et à Monsieur Tom Morel pour le temps qu’ils ont su nous consacrer.

 

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Photo : http://www.nathalieappere.fr

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