Bonjour à toutes et à tous !
On revient aujourd’hui pour vous parler des inégalités salariales entre les hommes et les femmes (parce que franchement, en 2017 on ne devrait même plus avoir à en parler).
Plantons le décor : quelques chiffres
A temps plein ou partiel, les hommes gagnent 23,5 % de plus que les femmes.
11 % des écarts de salaires entre hommes et femmes sont inexpliqués et relèvent d’une pure discrimination.
Le salaire mensuel net moyen des hommes, pour un poste à temps plein, est de 2 389 euros en 2013, celui des femmes de 1 934 euros, soit un écart de 455 euros.
Les hommes perçoivent donc, en moyenne et en équivalent temps plein, un salaire supérieur de 23,5 % à celui des femmes.
Pour rendre tout ça encore plus simple, on peut réduire les inégalités salariales au nombre de 19 % : c’est l’écart mensuel moyen entre les salaires nets des hommes et des femmes mesuré par l’INSEE.
Augmenter les salaires des femmes : un surcoût ?
C’est dans ce contexte ma foi très égalitaire que Christophe Barbier, invité de l’émission C Dans l’air sur France 5 le 9 janvier 2017, a jugé bon de dire que :
« augmenter les salaires des femmes engendrerait « un surcoût » obligeant « les entreprises à licencier » : « Tout le monde va applaudir, mais les entreprises vont avoir beaucoup de mal à encaisser ce surcoût de main-d’œuvre »
Il ne nous apprend rien en fait : évidemment qu’il s’agirait d’un « surcoût », les femmes sont moins payées alors qu’elles travaillent autant que les hommes !
C’est notamment pour dénoncer cette situation que les Françaises ont cessé de travailler le 7 novembre à 16h34.
Ce qui est plus problématique (et franchement fatiguant) dans ce genre de discours, c’est d’entendre que corriger une inégalité aussi injuste est « utopique » et gênant.
Monsieur Barbier, je crois en fait que vous vous posez les mauvaises questions : si l’égalité salariale paraît aussi irréaliste, c’est peut être parce qu’à la base notre modèle social est mauvais ?
Et d’ailleurs, en parlant de société, quels sont aujourd’hui les problèmes rencontrés par les femmes dans le monde professionnel qui peuvent expliquer ces inégalités salariales ?
-Elles sont plus nombreuses que les hommes à occuper des emplois précaires ou à mi-temps.
(80 % des emplois précaires sont occupés par des femmes selon un rapport publié par le Ministère des droits des femmes en 2014)
-Elles subissent la discrimination quand elles sont en poste (on leur accorde peu de promotions ou d’augmentations par exemple) mais surtout à l’embauche.
En fait, pour l’imaginaire collectif, les femmes « seraient moins disponibles pour leur travail ».
Les stéréotypes ont vraiment la dent dure … (Comprenez : si vous êtes dotées d’un utérus, vous n’avez pas le droit d’être ambitieuse et carriériste).
-Connaissez-vous « le syndrome de l’imposteur ? »
C’est le fait de ne pas se sentir légitime dans sa fonction,de croire qu’on a pas les compétences requises.
Grâce à l’éducation genrée que nous recevons en majorité, les femmes ont tendance à sous-estimer leurs compétences.
Elles osent donc moins souvent demander une promotion ou une augmentation par exemple.
Le discours de Christophe Barbier n’est rien d’autre que le témoignage qu’il existe aujourd’hui un gros (énorme) souci.
Ce problème est en plus favorisé par le déni ambiant : c’est plus facile en effet de faire l’autruche et de faire comme si tout allait bien plutôt que d’agir par des petites actions concrètes et porteuses de sens.
Mais quelles actions ?
Pourquoi ne pas :
-Contrer l’explication (foireuse) de Christophe Barbier en expliquant gentiment à tous les responsables économiques que personne n’aime travailler gratuitement ou pour une maigre récompense ?
Si un homme était placé dans une situation pareille, il n’attendrait pas avant de protester (disons c’est plus facile pour lui puisqu’on a pas cessé de lui répéter qu’il était fort, autoritaire et dominant).
-En parlant d’éducation : pourquoi ne pas faire prendre conscience aux petites filles (et parfois aux plus grandes) que ce qu’elles font est bien ? Qu’elles sont compétentes et qualifiées ? Que leurs connaissances pratiques et théoriques les rendent tout à fait légitime à leur poste ?
Et plus généralement : pourquoi ne pas leur faire prendre conscience que cette situation d’inégalité est complètement injustifiée puisqu’elles fournissent un effort tout aussi formidable que celui d’un homme ?
-Arrêter de penser que les femmes ne peuvent pas se passionner pour leur métier et lui porter un grand intérêt ?
Non toutes les femmes ne rêvent pas de fonder une immense famille et de s’occuper toute leur vie de 4 enfants ou plus … Et puis après tout, pourquoi ce rêve ne pourrait-il pas être celui d’un homme ?
Certains nous (re)sortirons l’éternel « mais les choses changent » … Est-ce qu’elles changeront réellement si chacun attends tranquillement que l’égalité arrive par miracle ?
Image : le-travail-des-femmes.e-monsite.com
les culotté-e-s 